Dieu et la science
Jean Guitton - Igor et Grichka Bogdanov
Ce livre est une véritable merveille. Il se lit très vite et sans fatigue tellement on est absorbé par le sujet. Il est à la portée de tous. D'un côté Jean Guitton, philosophe croyant, et de l'autre, Igor et Grichka Bogdanoff que l'on ne présente plus. Ils échangent dans cet ouvrage leurs points de vue sur l'origine de l'univers, la nature de la matière et l'émergence de la conscience.
Morceaux choisis
Jean Guitton (JG):
Tout au long de ma vie, ma pensée a été occupée par un problème qui se
pose à tous: le sens de la vie et de la mort. C'est, au fond, la seule
question à laquelle se heurte l'animal pensant depuis l'origine:
l'animal pensant est le seul qui enterre ses morts, le seul qui pense à
la mort, qui pense sa mort. Et pour éclairer sa voie dans les ténèbres,
pour s'adapter à la mort, cet animal si bien adaptée à la vie n'a que
deux lumières: l'une s'appelle la religion, l'autre se nomme la science.
Qu'est-ce qui a poussé le Créateur à engendrer l'univers tel que nous
le connaissons ?
Que s'est-il passé, au début des temps, pour donner naissance à tout ce
qui existe aujourd'hui ? à ces arbres, ces fleurs, ces passants qui
marchent dans la rue, comme si de rien n'était ?
Quelle force à doté l'univers des formes qu'il revêt aujourd'hui ?
Mais combien reste troublante cette question posée un jour par un
phycisien: "Comment un flux d'énergie qui s'écoule sans but peut-il
répandre la vie et la conscience dans le monde ?"
[...]
Grichka Bogdanov: Ce petit exemple nous a permis de saisir la seule
différence de fond entre l'inerte et le vivant: l'un est tout
simplement plus riche en information que l'autre.
JG: Admettons. Mais si la vie n'est autre que de la matière mieux
informée, d'où vient cette information ? Je suis frappé par le fait
qu'aujourd'hui encore, nombreux sont les biologistes et les philosophes
qui pensent que les premières créatures vivantes sont nées "par hasard"
dans les vagues et les ressacs de l'océan primitif, voilà
quatre milliards d'années.
Certes les lois de l'évolution énoncées par Darwin existent et elles
ont fait une large part à l'aléatoire; mais qui a décidé de ces lois ?
Par quel "hasard" certains atomes se sont-ils rapprochés pour former
les premières molécules d'acides aminées ? Et par quel hasard,
toujours, ces molécules se sont-elles assemblées pour conduire à cet
édifice effroyablement complexe qu'est l'ADN ? Tout comme le
biologiste François Jacob, je pose cette simple question: qui a élaboré
les plans de la première molécule d'ADN porteuse du message initial qui
va permettre à la première cellule vivante de se reproduire [et
d'assumer ces fonctions] ?
Ces questions – et une foule d'autres – restent sans réponses si l'on
s'en tient aux seules hypothèses faisant intervenir le hasard; c'est
pourquoi, depuis quelques années, les idées des biologistes ont
commencé à changer. Les chercheurs les plus en pointe ne se contentent
plus de réciter les lois de Darwin sans réfléchir; ils bâtissent des
théories nouvelles, souvent très surprenantes. Des hypothèses qui
s'appuient clairement sur l'intervention d'un principe organisateur,
transcendant à la matière.
[...]
On a presque l'impression que les photons sont dotés d'une sorte de
conscience rudimentaire, ce qui me ramène irrésistiblement vers le
point de vue de Teilhard de Chardin pour qui tout dans l'univers,
jusqu'à la plus infime particule, est porteur d'un certain degré de
conscience…
[...]
Or la conclusion à tirer de l'expérience de Foucault est stupéfiante:
indifférent aux masses – pourtant considérables – que représentent
soleil et galaxies proches, le plan d'oscillation du pendule est aligné
sur des objets célestes qui se trouvent à des distances vertigineuses
de la Terre, à l'horizon de l'univers.
Autrement dit, si je soulève ce simple verre sur la table, je mets en
jeu des forces qui impliquent l'univers tout entier.
Il existe une intéraction mystérieuse entre tous les atomes de
l'univers.