Quand je me sais coupable
La Loi prescrit que, dans une lapidation, les témoins de l'affaire sont les premiers à appliquer la sentence, suivis des autres volontaires, à condition qu'ils n'aient jamais été soupçonnés d'avoir commis le délit qu'on veut réprimer ni d'en avoir été complices. C'est ainsi que, s'adressant résolument aux plus exhaltés, il leur dit:
"Que celui d'entre-vous qui n'a jamais péché lui jette la première pierre."
Et, s'étant baissé de nouveau, il se remet à écrire sur le sol.
Un silence pesant s'abat sur le groupe. La femme qui s'était accroupie en attendant le premier coup se détend maintenant, comme résignée à son sort, désirant en finir au plus vite avec son supplice. La tension continue de monter. Irrités par le mutisme de Jésus, certains hommes s'approchent pour regarder la mystérieuse écriture. Et ce qu'ils voient là suffit à leur faire lâcher leurs pierres. Tremblant de rage et de honte, les uns à cause de ce qu'il a écrit, les autres par crainte de ce qu'il peut encore écrire, tous se hâtent de disparaître, laissant l'accusée seule en présence de son juge.
De cette manière inattendue, sans s'opposer à l'autorité de la Loi, sans se perdre dans les dédales de la procédure judiciaire, à l'aide de quelques mots écrits sur le sable, Jésus est parvenu à sauver la vie d'une femme !
Lorsqu'il se relève enfin, elle le regarde, stupéfaite, sans savoir ce qu'elle doit espérer. Il lui tend alors la main pour l'aider à se relever et lui dit, en souriant presque:
"Où sont ceux qui t'accusaient ? Quelqu'un t'a-t-il condamnée ?"
Elle regarde autour d'elle en tremblant. Et, n'apercevant que des pierres sur le marbre de cette place devenue vide, elle répond, osant à peine en croire ses yeux:
"Personne, Seigneur."
Alors Jésus lui adresse les paroles les plus surprenantes qu'elle ait entendues dans sa vie:
"Moi non plus je ne te condamne pas. Ne pèche plus s'il te plaît."