Quelques mots sur mère Teresa

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Quelques mots sur Mère Teresa.

Anjezë est marquée par la recommandation de sa mère : «Ma fille n'accepte
jamais une bouchée qui ne soit partagée avec d'autres»

Elle quitte sa terre natale le 26 septembre 1928, à l'âge de 18 ans, et rejoint
le couvent de l'ordre missionnaire des sœurs de Notre-Dame-de-Lorette, à
Rathfarnham près de Dublin en Irlande, communauté missionnaire fondée au xviie
siècle par Mary Ward. En six semaines elle apprend l'anglais ; elle apprend
aussi à discerner son appel à la vie missionnaire, peut-être à l'aide des
Exercices spirituels. Le 1er décembre 1928, munie de quelques bases d'anglais,
elle part en Inde pour y faire son noviciat.

Elle arrive à Calcutta en 1929 ; elle y est très vite choquée par l'extrême
pauvreté, elle écrit ses impressions à un journal catholique de son village : «
Si les gens de nos pays voyaient ces spectacles, ils cesseraient de se plaindre
de leurs petits ennuis ». Elle part ensuite pour Darjeeling où elle fait son
postulat et son noviciat

Après avoir travaillé quelques mois dans un dispensaire au Bengale où elle
soigne des pauvres, sœur Mary Teresa devient enseignante à l'école de Loreto
Entally à Calcutta, de 1931 à 1937. Face à des classes de 300 élèves, sa
pédagogie stricte et son service humble la rendent proche des enfants indiens
qui l'appellent rapidement « Ma », ce qui signifie « Mère ».

Le 10 septembre 1946, au cours d'un voyage en train de Calcutta à Darjeeling où
a lieu la retraite annuelle de sa communauté, elle reçoit ce qu'elle appelle «
l'appel dans l'appel ». Pendant qu'elle essaye de dormir : « Soudain,
j'entendis avec certitude la voix de Dieu. Le message était clair : je devais
sortir du couvent et aider les pauvres en vivant avec eux. C'était un ordre, un
devoir, une certitude. Je savais ce que je devais faire mais je ne savais
comment ». Mère Teresa parle de cette journée comme étant le « jour de
l'inspiration ». Mère Teresa ajoute que cette expérience est celle de l'amour
de Dieu, qui veut aimer mais aussi être aimé. Elle exprime cette expérience
beaucoup plus tard dans une lettre en 1993 revenant sur cette expérience du 10
septembre, en affirmant que Dieu a soif de nous : « Si vous devez retenir
quelque chose de la lettre de Mère, retenez ceci : “J'ai Soif” est bien plus
profond que Jésus vous disant « Je vous aime ». Tant que vous ne savez pas au
plus profond de vous que Jésus a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il
veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui ».

Elle ne parle à personne de cette expérience et médite en silence. De retour à
Calcutta, elle écrit à son guide spirituel jésuite belge Céleste Van Exem, et
lui dit son désir de tout quitter. Celui-ci lui recommande de prier et de
garder le silence. Peu de temps après il expose la situation à l'évêque de
Calcutta Mgr Ferdinand Perier qui s'y oppose. Sœur Mary-Teresa n'est pas
surprise de la réponse et mûrit son désir ; elle veut fonder un nouvel ordre
religieux. Elle tombe gravement malade peu de temps après et est envoyée dans
un sanatorium à Asansol, dans le même état du Bengale-Occidental, pour guérir
d'un début de tuberculose. Pendant cette convalescence, elle prie et
approfondit le message qu'elle pense avoir reçu ; elle dit découvrir alors que
Dieu l'aime mais aussi qu’il veut être aimé.

Ce temps de repos est écourté du fait de la crise politique qui secoue l'Inde,
depuis peu indépendante. Les sœurs rappellent Sœur Mary-Teresa pour répondre
aux besoins d'aide. Sa détermination est toujours aussi grande ; aussi
l'archevêque, finalement convaincu, demande-t-il au Saint-Siège la permission
de pouvoir lui accorder l'exclaustration religieuse. Le 8 août 1948 elle reçoit
la réponse, le pape Pie XII lui accorde la permission de vivre hors d'une
communauté de son Ordre pour un an.

Sœur Mary Teresa, désormais mère Teresa, prépare son départ après avoir reçu
l'autorisation ; elle se confectionne un sari de coton blanc ourlé du bleu
marial. Le 16 août 1948 elle quitte avec difficulté les sœurs de Lorette ; elle
a cinq roupies en poche.

Elle se rend à Patna afin d'y recevoir une formation d'infirmière. Elle revient
quatre mois plus tard et loge chez les Petites sœurs des pauvres. À la demande
de Mgr Ferdinand Perier, elle tient un journal dans lequel elle décrit ses
réflexions : « L'extrême pauvreté vide progressivement l'homme de son humanité ».

Elle décide alors de donner des cours dans la rue aux enfants dès le 21
décembre 1948 ; dix jours plus tard ils sont déjà plus de 50 enfants. Elle
cherche à louer un local ; elle distribue des savons et en explique l'usage.
Elle ouvre dans un autre bidonville de Tiljana une nouvelle école. Elle tente
de soigner les pauvres qu'elle rencontre. En décembre 1948, elle fait la
connaissance de Jacqueline de Decker, une Belge qui veut vivre le même idéal
qu'elle. Cette dernière a des problèmes de santé et décide de se soigner avant
de revenir voir Mère Teresa. Elle repart en Belgique pour des soins tout en
gardant des liens épistolaires. Certains critiquent la nouvelle vie de Mère
Teresa, la trouvant inefficace et utopiste.

En janvier 1949, elle recherche à vivre au plus près des pauvres, et ne veut
plus vivre avec l'aide des Petites sœurs des pauvres ; elle décide donc de
chercher un nouveau lieu et grâce à l'aide du père Van Exem, elle est
accueillie au dernier étage d'une maison de Portugais. Sa vie s'organise entre
les temps de prière, l'enseignement aux enfants et les soins aux mourants. Elle
reçoit l'aide ponctuelle de laïcs et mendie dans des pharmacies les médicaments
qu'elle ne peut payer.

Le 15 mars 1949, Mère Teresa reçoit la visite d'une de ses anciennes élèves,
qui lui demande de pouvoir la suivre. Mère Teresa la renvoie en lui demandant
de mûrir son choix Quelques mois plus tard cette même jeune femme revient en
sari et lui demande de l'accepter. Quelques jours après elle est suivie par
deux autres anciennes élèves. En août 1949, le délai de l'autorisation étant
achevé, l'évêque décide de prolonger l'exclaustration de Mère Teresa.

Très vite plus de dix jeunes filles décident de suivre Mère Teresa. Elle oblige
ses anciennes élèves à achever leurs études supérieures. Au printemps 1950, le
Père Van Exem demande à Mère Teresa d'écrire une règle religieuse. Elle écrit
la règle en une nuit et décide de choisir le nom de missionnaire de la Charité.

Elle choisit ce nom de charité (agapé en grec) : amour qui vient de Dieu, Mère
Teresa voulant répandre l'amour qui vient de Dieu. Mgr Ferdinand Perier
inaugure la nouvelle congrégation le 7 octobre 1950. Elles adoptent l'habit du
sari comme habit religieux pour se fondre parmi les populations indiennes. Des
parents de plusieurs religieuses d'une branche bengali des Sœurs de l'Immaculée
Conception, ayant fait remarquer que le sari avec une bande bleue était
également porté par les femmes pauvres qui balayaient les rues de Calcutta, la
congrégation adopte officiellement le sari blanc bordé de trois bandes bleues
en mai 1960.

Mère Teresa voit un mourant, et décide de l'emmener à l'hôpital, mais
l'établissement refuse de le prendre en charge ; et l'agonisant meurt sans
avoir été accueilli. Mère Teresa décide alors de s'occuper des mourants et
demande un lieu à la mairie de Calcutta, qui lui offre un local à Kaligat
proche du temple à la déesse hindoue Kâlî. Elle appelle la maison « Nirmal
Hriday », « Maison au cœur pur - Foyer pour mourants abandonnés ». Les sœurs
amènent les mourants les plus pauvres et abandonnés et les soignent avec des
moyens rudimentaires.

Cependant l'installation de religieuses catholiques proche d'un temple hindou
est vue d'un mauvais œil par les hindous qui les accusent de prosélytisme. Une
émeute éclate et les sœurs doivent leur survie à la protection de la police. Un
des opposants, victime de la tuberculose, rejeté car intouchable, est recueilli
quelques mois plus tard. Son opinion sur Mère Teresa change, il voit en elle un
avatar de la déesse Kâlî, ce qui conduit à établir des relations de fraternité
entre les hindous et Mère Teresa.

Deux ans après la fondation, Mère Teresa achète une maison, vendue à prix
dérisoire par un musulman, pour y établir les sœurs. Mère Teresa exige des
sœurs une pauvreté des lieux, qu'elle justifie : « Comment puis-je regarder les
pauvres en face, comment puis-je leur dire « je vous aime et je vous comprends
» si je ne vis pas comme eux ? ». De même elle refuse l'aide économique du
Vatican.

La vie est organisée avec des temps de prières le matin et le soir, et la
journée au service des pauvres. Mère Teresa affirme que la « prière est la
respiration de l'âme. Sans la force que nous recevons de la prière, notre vie
serait impossible. ». Elle explique le lien entre la prière et l'action des
sœurs missionnaires de la Charité, voyant dans chaque pauvre la présence de
Dieu : « Jésus veut rassasier sa propre faim de notre amour en se cachant
derrière les traits de l'affamé, du lépreux, du mourant abandonné. C'est
pourquoi nous ne sommes pas des assistantes sociales mais des contemplatives au
cœur même du monde. Nos vies sont consacrées à l'eucharistie par le contact
avec le Christ, caché sous les espèces du pain et du corps souffrant des pauvres ».

Un jour Mère Teresa aperçoit un enfant abandonné en train d'être mangé par un
chien dans la rue ; elle recueille l'enfant qui meurt quelque temps après. Mère
Teresa décide alors de créer un orphelinat. Le nouveau centre Nirmala Sishu
Bavan ouvre ses portes le 24 novembre 1955 ; elle y recueille les enfants
abandonnés et les propose à l'adoption. Elle ouvre quelque temps après un
centre spécialisé pour les enfants qui ne sont pas adoptés, du fait de la
croyance au mauvais karma et de la marginalisation des intouchables.

Dans le même temps Mère Teresa apprend que son amie Jacqueline de Decker qui
devait la rejoindre ne le pourra pas, à cause d'opérations graves au dos. Mère
Teresa lui demande alors de devenir sa sœur spirituelle, lui demandant de
partager « nos mérites, nos prières et notre travail par vos souffrances et vos
prières ». Mère Teresa croit que par la souffrance unie à Dieu, celle-ci peut
acquérir une valeur positive. Jacqueline de Decker devient la première des
coopérateurs souffrants, ensemble de personnes malades qui s’unissent dans la
prière aux missionnaires de la Charité.

Entre 1948 et 1957, Mère Teresa et les premières sœurs s'occupent des lépreux
qu'elles rencontrent, mais sans que ce soit pour autant une priorité. C'est en
1957 qu'elle reçoit cinq personnes qui ont perdu leurs emplois à cause de la
lèpre, du fait de la croyance au mauvais karma, qui conduit à exclure les
lépreux de la société.

Mère Teresa cherche alors à ouvrir un centre pour les lépreux, mais les sœurs
sont accueillies par des jets de pierre. Mère Teresa décide donc d'envoyer des
ambulances pour soigner les lépreux. Ce moyen ambulant permet ainsi de soigner
les lépreux en les rejoignant. Elle appuie alors la journée contre la lèpre de
Raoul Follereau.

Devant les difficultés financières, le père Van Exem publie une annonce dans un
journal afin de demander des soutiens. Le Premier ministre du Bengale, le Dr
Bidhan Chandra Roy donne alors une aide financière, et rencontre Mère Teresa
avec qui il noue une amitié profonde.

De même les premiers laïcs, dont Ann Blaikie, rencontrent Mère Teresa et
veulent aider en offrant des cadeaux pour les enfants à Noël. Mère Teresa qui
ne veut exclure aucun enfant leur demande d'offrir des cadeaux aussi pour les
fêtes musulmanes ou hindoues. Ces laïcs de plus en plus nombreux deviennent les
coopérateurs actifs de l'ordre en 1960.

Mère Teresa est invitée à la BBC pour témoigner et demander de l'aide. De
nombreuses personnes répondent, mais elle ne se satisfait pas de la seule aide
financière : elle demande aux coopérateurs d'aider là où ils sont, en se
consacrant à leur entourage, et aussi en répétant la Prière de saint François
d'Assise.

L'année 1959 marque ce que Mère Teresa appelle le « troisième pas de ma vie ».

Dix ans après sa fondation, sa congrégation peut se développer en dehors des
limites de son diocèse de Calcutta.

Mère Teresa s’implante à Ranchi, puis à New Delhi en présence du Premier
ministre de l'Inde Nehru. L'année suivante elle fonde des missions à Jansi,
Agâ, Asansal et Bombay où elle s'offusque publiquement de l'extrême pauvreté
qui y règne. Cette critique déclenche une campagne de presse à Bombay contre
Mère Teresa. Mais en 1962 elle reçoit la première décoration Padma Shri des
mains du président indien pour son œuvre.

En 1963, Mère Teresa s'oppose en vain à la destruction d’un hôpital de lépreux
à Calcutta ; elle décide de créer en 1963 une cité pour lépreux, la Cité de la
paix à Asansol. La cité commence dès 1964. Le pape Paul VI en visite en 1965 en
Inde offre sa limousine à Mère Teresa, qui décide alors de la mettre aux
enchères afin de pouvoir financer la construction de sa cité.

En mars 1963 les premiers hommes fondent les frères missionnaires de la
charité, Mère Teresa rencontre le père jésuite Andrew Travers-Ball et lui
propose de diriger la nouvelle congrégation, ce qu’il accepte. Il écrit les
constitutions de l’ordre avec Mère Teresa, et reçoit en 1967 l’approbation de
Rome, malgré des différences de conceptions, tant sur l’habit que sur la

conduite religieuse différente des sœurs ; Mère Teresa préfère se soumettre à
la conception du Père Andrew. Tous les Frères ont une formation spirituelle
intensive de neuf mois à Calcutta, suivie de trente jours de retraite ignacienne.

Dès 1965 les missionnaires de la Charité s’implantent en Amérique latine à la
demande du pape Paul VI. L’intégration est assez difficile dans ces pays pour à
la fois respecter le clergé local et obéir au pape. Mère Teresa refuse
cependant tout engagement politique des sœurs, choisissant d’aller dans tous
les pays, même dans les dictatures comme Haïti, les Philippines de Ferdinand
Marcos ou le Yémen musulman, ce qui lui est très vivement reproché.

En 1968, à la demande de Paul VI, elle ouvre une maison à Rome, et découvre
alors la grande pauvreté qui existe aussi dans le monde occidental. Dans le
même temps, les sœurs œuvrent au Bangladesh, pays dévasté à cette époque par la
guerre d'indépendance ; de nombreuses femmes sont victimes d’exactions, violées
par les soldats. L'œuvre s'étend peu à peu partout où est la pauvreté, même
dans des régions et des pays peu favorables aux chrétiens, et jusque-là
interdits à tout missionnaire. Au Yémen par exemple, pays à majorité musulmane
où l'influence chrétienne est faible, Mère Teresa, invitée par le Premier
ministre en 1973, ouvre des cours de couture à Al Hudaydah et s'occupe
également des lépreux qui vivent retirés dans les grottes du désert yéménite.

On la surnomme Mère sans frontière.

En 1969, les missionnaires de la Charité sont reconnues de droit pontifical. En
1971, Mère Teresa reçoit le prix Jean XXIII du pape Paul VI, ce qui marque le
début de la reconnaissance mondiale de son œuvre. Elle fonde alors une maison à
New York ainsi qu’un noviciat à Londres.

En 1976, elle décide de fonder l’ordre des sœurs contemplatives, les sœurs du
Verbe qui consacrent leurs temps à la prière pour les pauvres ; elle en fonde
la première maison à New York.

En 1978, elle reçoit le prix Balzan pour l'humanité, la paix et la fraternité
entre les peuples, « pour l’abnégation exceptionnelle avec laquelle elle s’est
dévouée toute sa vie, en Inde et dans d’autres pays du tiers-monde, afin de
secourir les innombrables victimes de la faim, de la misère et des maladies,
les laissés pour compte et les mourants, transformant sans relâche en action
son amour pour l’humanité souffrante ». En plus de ses nombreuses médailles,
Mère Teresa est docteur honoris causa de plusieurs universités.

Le 17 octobre 1979, Mère Teresa reçoit le prix Nobel de la paix qu'elle accepte
« au nom des pauvres ». La petite religieuse ne trahit pas ses propres
convictions lors de son discours, en dénonçant l'avortement : « De nos jours,
nous tuons des millions d'enfants à naître, et nous ne disons rien. Prions tous
pour avoir le courage de défendre l'enfant à naître et pour donner à l'enfant
la possibilité d'aimer et d'être aimé. »

À partir de ce moment la vie de Mère Teresa devient fortement médiatisée. Mère
Teresa critique alors le matérialisme et l'égoïsme des sociétés occidentales,
elle élargit son discours sur la pauvreté et parle de la faim spirituelle : «
L'amour naît et vit dans le foyer. L'absence de cet amour dans les familles
crée la souffrance et le malheur du monde aujourd'hui. Nous avons tous l'air
pressé. Nous courons comme des fous après les progrès matériels ou les
richesses. Nous n'avons plus le temps de bien vivre les uns avec les autres :
les enfants n’ont plus de temps pour les parents, ni les parents pour les
enfants, ni pour eux-mêmes. Si bien que c'est de la famille elle-même que
provient la rupture de la paix du monde ».

Mère Teresa refuse toute logique d’organisation ou de business de l’œuvre :
elle veut que les missionnaires de la charité vivent de la providence, et donc
des dons, mais sans trop accumuler. Elle décide donc en juillet 1981 de refuser
des dons d’argent trop nombreux ; la presse critique alors Mère Teresa qui
aurait trop d’argent au point d’en refuser. De même elle refuse les
associations qui ne la soutiennent que financièrement, affirmant qu’elle ne
veut pas d’amis mais des coopérateurs : « C’est un capital d’Amour qu’il faut
réunir. Un sourire, une visite à une personne âgée. Les vrais coopérateurs du
Christ sont les porteurs de sa charité. L'argent vient si on recherche le
royaume de Dieu. Alors tout le reste est donné. ».

En 1982, sur une des hauteurs du siège de Beyrouth, mère Teresa sauve 37
enfants hospitalisés pris au piège dans une ligne de front entre l'armée
israélienne et la guérilla palestinienne. Elle provoque un cessez-le-feu, et
accompagnée par la Croix-Rouge, elle traverse la zone de tir jusqu'à l'hôpital
dévasté pour évacuer les jeunes patients.

En 1984, elle fonde les « pères missionnaires de la Charité » avec le père
Joseph Langford. Le 11 décembre de la même année, elle vient assister les
victimes de la catastrophe de Bhopal, quelques jours après le désastre. En
1985, elle reçoit de Ronald Reagan la plus haute distinction américaine. La
même année, elle crée à New York le premier foyer pour les victimes du sida,
qui vient de faire son apparition

En cette même année 1989, Mère Teresa est victime d’un arrêt cardiaque,
et elle décide de démissionner de la charge de supérieure des Missionnaires de la Charité.
Elle est cependant réélue en 1990. Elle continue ses voyages malgré sa santé fragile,
et fonde une maison en Albanie, nation de ses origines. En décembre 1991,
elle est de nouveau victime d’un arrêt cardiaque, elle se repose mais reprend
ses visites dans le monde entier, cherchant à fonder une maison en Chine.

Mère Teresa a une tumeur à l'estomac. Le 5 septembre 1997, elle est
amenée d'urgence à l'hôpital ; c'est vers 14 h 30 qu'elle décède des suites de cette tumeur.

Mère Teresa est très marquée par l'expérience du 10 septembre 1946, et bien
qu'elle soit discrète pendant des années sur cette expérience, elle met les paroles
de Jésus sur la croix : « J'ai soif » dans toutes les chapelles des missionnaires de la Charité.

Quand elle explique son expérience du 10 septembre 1946, elle affirme avoir
expérimenté la « soif de Dieu » comme étant les « profondeurs du désir divin infini d'aimer
et d'être aimé ». Elle conçoit alors sa vocation comme répondre à cette soif de Dieu,
aimant les pauvres dans lesquels elle voit Dieu : « Pour moi, ils sont tous le Christ
- Le Christ dans un déguisement désolant. »

Elle explicite cette « soif de Jésus » lors la lettre dite de « Varanasi  »
écrite aux Missionnaires de la Charité, le 25 mars 1993, dans laquelle elle affirme
« Si vous devez retenir quelque chose de la lettre de Mère, retenez ceci :
« J'ai soif » est bien plus profond que Jésus vous disant « Je vous aime ».
Tant que vous ne savez pas au plus profond de vous que Jésus a soif de vous,
vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui. »
Mère Teresa poursuit « Jésus a soif, même maintenant, dans votre cœur et dans les pauvres,
il connaît votre faiblesse. Il veut seulement votre amour, il veut seulement la chance de vous aimer.

Alors que Mère Teresa embrasse pleinement sa vocation missionnaire, elle insiste
tout autant sur la nécessité d'une vie contemplative de prière. Ainsi,
malgré la surcharge de travail, elle insiste pour que chacune des Missionnaires de la Charité
puisse participer à l'Eucharistie et passer une heure devant le Saint Sacrement chaque jour,
à partir du chapitre général de sa congrégation en 1973. Pour Mère Teresa,
la prière n'est pas du temps pris sur le service des pauvres, mais bien
une partie essentielle de celui-ci : « plus nous recevons dans la prière silencieuse,
plus nous pouvons donner. »

Malgré sa souffrance physique et psychologique et la pauvreté qui l'entoure,
Mère Teresa défend toute sa vie durant la réalité du bonheur terrestre
accessible par la simplicité. En s'appuyant sur son expérience et celle des hommes
et des femmes qui l'ont suivie, Mère Teresa trace un chemin tout simple vers le vrai bonheur,
qu'elle résume dans son dernier ouvrage Un chemin tout simple publié de son vivant en 1995.
 Ce chemin se résume en cinq lignes, qu'elle imprime sur des petits cartons jaunes
 qu'elle distribue à ses visiteurs :

    « Le fruit du silence est la prière.

    Le fruit de la prière est la foi.

    Le fruit de la foi est l'amour.

    Le fruit de l'amour est le service.

    Le fruit du service est la paix. »

— Mère Teresa, Un chemin tout simple.

Bien que souvent accusée de mythifier la pauvreté et de prêcher un plaisir
de la souffrance, Mère Teresa fait une distinction entre la pauvreté librement
choisie des religieux, qui est un signe, et la misère imposée, qui est le résultat
de la pauvreté. Pour elle, « c'est le résultat de notre refus de partager.
Dieu n'a pas créé la pauvreté, il nous a seulement créés, nous ».

De même, elle distingue d'une part les souffrances imposées par la maladie
et la misère, souffrances des personnes recueillies avec lesquelles
les missionnaires de la Charité partagent l'Amour et la Compassion de Dieu :
« Dieu aime encore le monde et Il nous envoie vous et moi pour être Son amour
et Sa compassion auprès des pauvres » ; d'autre part, elle insiste sur l'exigence
de l'amour vrai, un amour qui va jusqu'au bout du don de soi :
« Comme Dieu aimait le monde, Il a donné son Fils ; Jésus aimait le monde,
Il a donné sa vie et il a dit “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.”,
donc si nous nous aimons vraiment les uns les autres, nous devons nous aimer
jusqu'à en souffrir… Parce que l'amour vrai fait souffrir. »

Mais quelle que soit l'origine de la souffrance, elle rappelait à chacun
qu'il n'était pas seul dans ses souffrances mais en union avec Jésus crucifié :
 « un signe que vous êtes si près de Jésus qu'il peut vous embrasser. »

Désireuse de partager sa conviction que Dieu est amour, et consciente que les
sermons ne suffisent pas à en convaincre ceux qui sont dans la misère,
elle insiste que l'amour est exigeant. « Un amour vrai doit faire mal », selon elle,
car il est à l'image de l'amour de Dieu, s'il est vrai que Dieu lui-même a souffert
en aimant les hommes, car il a dû laisser son Fils, Jésus Christ, mourir sur une croix.
En ce sens, la souffrance devient, pour elle, une expression de l'Amour de Dieu.

    « Ne traitons-nous pas quelquefois les pauvres comme des poubelles
        où nous jetons tout ce que nous ne mangeons pas ou dont nous n'avons plus besoin? »

— Mère Teresa, Discours à l'occasion de la remise du Prix Templeton.