Les fondements du christianisme

C.S Lewis

Sommaire résumés de livres

L'écrivain C.S Lewis (1898-1963, auteur des Chroniques de Narnia) explique dans ce livre ce qui l'a conduit de l'athéisme au christianisme. C'est un livre riche d'enseignements où l'on perçoit la qualité et la force de sa démonstration.

Morceaux choisis

Mais quand les penseurs d'autrefois appelaient loi naturelle la Loi du Bien et du Mal, ils pensaient en fait à la Loi de la Nature Humaine. L'idée était la suivante: de même que tous les corps sont gouvernés par la loi de la gravitation et les organes par les lois biologiques, la créature appelée homme a aussi sa loi. Cette dernière est pourtant très différente: alors qu'un corps ne peut choisir s'il doit obéir ou non à la loi de la gravitation, un homme peut choisir s'il doit obéir ou non à la Loi de la Nature Humaine.

Tout ce à quoi j'ai abouti pour l'instant c'est à quelque chose qui gouverne l'univers et qui se manifeste en moi; une loi particulière me presse de faire le bien et me donne un sentiment de culpabilité quand je fais le mal.

Le chapitre précédent s'est achevé sur l'idée que, dans la Loi Morale, quelqu'un ou quelque chose, par delà l'univers matériel, s'intéresse réellement à nous.

L'argument que je retenais contre Dieu était que l'univers paraissait si cruel et si injuste ! Mais d'où pouvait bien me venir cette idée de juste et d'injuste? On ne peut définir une ligne courbe qu'en possédant la notion de ligne droite. A quoi est-ce que comparais cet univers quand je l'appelais injuste ? Si tout le spectacle était mauvais et insensé de A à Z, pourquoi donc moi, acteur supposé, pourquoi est-ce que je réagissait si violemment contre ce spectacle ?

[…]

Ainsi, en essayant de prouver l'inexistence de Dieu – ou, en d'autres termes, que la réalité dans son ensemble est insensée – je me suis trouvé contraint d'accepter qu'une partie de la réalité (mon idée de justice) est tout à fait sensée. L'athéisme s'est alors révélé trop simple. Si tout l'univers n'avait aucun sens, jamais nous ne pourrions découvrir qu'il n'en a aucun, de même que si la lumière n'existait pas dans l'univers et s'il n'y existait aucune créature pourvue d'yeux, jamais nous ne pourrions remarquer qu'il fait nuit. Le mot nuit n'aurait aucun sens.

Lorsque vous laissez le choix aux gens de faire quelque chose, plus de la moitié des intéressés ne vont pas la faire. Ce n'est pas ce que vous vouliez au départ, mais votre volonté l'a rendu possible.

Il en va probablement de même dans l'univers. Dieu a créé des êtres pourvus d'un libre arbitre. C'est-à-dire des créatures qui peuvent opter autant pour le bien que pour le mal.

Et qu'a fait Dieu ? Tout d'abord, il nous a laissé la conscience, le sens du bien et mal.

Mais supposons que Dieu soit en dehors et au-dessus de la ligne du temps. Dans ce cas, ce que nous appelons "demain" il le voit, comme ce que nous appelons "aujourd'hui". Pour lui, tous les jours sont "maintenant". Il ne se souvient pas de ce que vous avez fait hier, il vous voit simplement le faire. Pour vous, hier est derrière vous, pour lui non. Il ne "prévoit" pas ce que vous ferez demain, il vous voit simplement le faire ; car si demain n'est pas encore là pour vous, il est là pour lui. Jamais vous n'avez pensé que vous étiez moins libre de vos actes en ce moment même à cause de la prescience de Dieu. Eh bien, il connaît vos actes de demain précisément de la même façon, parce qu'il est déjà dans ce demain et peut vous observer tout simplement. En un sens, il ne sait pas ce que vous allez faire jusqu'à ce que vous l'ayez fait ; mais le moment où vous l'avez fait est déjà "maintenant" pour lui.

Chaque chrétien est appelé à devenir un petit Christ. Voilà ce que signifie devenir chrétien. Rien d'autre.

L'exigence de Dieu quant à la perfection ne doit nullement vous décourager dans vos tentatives de faire le bien, ou même dans vos échecs actuels. Chaque fois que vous tomberez, il vous relèvera. Il sait parfaitement que vos efforts ne vont jamais vous amener à la perfection. Mais prenez bien conscience dès le départ que le but vers lequel il a commencé à vous guider est la perfection absolue.

Aussi longtemps que nous nous préoccupons de notre "moi", nous ne nous approchons pas du tout du Christ. Le premier pas consiste à essayer d'oublier totalement le "moi". Votre personnalité réelle, nouvelle (qui est celle du Christ en même temps que la vôtre, et la vôtre uniquement parce que c'est la sienne) n'apparaîtra pas tant que vous la chercherez. Elle naîtra quand vous le rechercherez, lui, le Christ.

[…]

Même en littérature et en art, quiconque s'inquiète d'originalité ne sera jamais original. Au contraire, si vous essayez simplement de dire la vérité – sans vous soucier du nombre de fois où elle a été dite – vous serez original neuf fois sur dix, sans même vous en rendre compte. Ce principe gouverne toute vie du début à la fin.

Renoncez à vous-même et vous trouverez votre vrai "vous-même". Perdez votre vie et vous la sauverez. Mourez à vous-même – la mort de vos ambitions, de vos plus grands désirs, chaque jour et, pour finir la mort de votre corps. Mourez de toutes les fibres de votre être, et vous trouverez la vie éternelle. Lâchez tout. La moindre chose que vous n'aurez pas abandonnée ne pourra jamais être à vous. La moindre chose en vous qui ne sera pas morte ne pourra jamais être ressuscitée. Partez à la recherche de "vous-même" et vous ne trouverez au final que haine, solitude, désespoir, fureur, ruine et déchéance. Mais recherchez le Christ et vous le trouverez. Et avec lui, tout le reste vous sera donné en plus.